Des shots de Jameson! Tellement de shots de Jameson! N’est-ce pas la seule boisson disponible lorsqu’on se fait offrir un verre par un barman qui est de belle humeur? On n’a qu’à être l’ami d’un ami; si celui-ci connaît la personne derrière le bar, on se retrouvera, tôt ou tard, avec un verre de whiskey à la main.
Tristement, c’est souvent le seul point de rencontre entre les Québécois et le whiskey irlandais. Pourtant, l’origine du whiskey peut y être tracée directement. Et, en plus, il y a plein de bouteilles qui méritent le détour.
Le whiskey irlandais: un peu d’histoire
On raconte que le whiskey irlandais aurait été inventé autour de l’an 1000. Des marchands, de retour de la Méditerranée, auraient ramené la distillation, technique utilisée pour faire des parfums. Les Irlandais, curieux de voir ce que ça goûte, du parfum, auraient fait une découverte importante.
Pourtant, ce produit d’Irlande n’est plus au haut de la liste lorsqu’on considère les meilleures distilleries. Dire que ce produit dominait le monde, au 19e Siècle! Que s’est-il passé?
«En fait, entre les tumultes national et international du 20e siècle (prohibition, guerres mondiales et guerre civile irlandaise) et la montée en flèche de la popularité des blended scotch whiskys, l’Irlande s’est retrouvée avec seulement deux distilleries, Bushmills et Middleton», raconte Jean-François Pilon, de Whisky Montréal.
Évidemment, si on parle de technicité, il faut mentionner que le whisky irlandais se différencie de son voisin écossais avec «une triple distillation et une utilisation exclusive de malt non tourbé», dixit M. Pilon. Et si on devait trouver un équivalent au single malt d’Écosse, alors on parlerait de single pot still.
Oui, d’accord, c’est du jargon! Revenons à l’essentiel: pourquoi goûter les whiskeys irlandais? Ont-ils une caractéristique qui les différencie des autres? «Pas vraiment. Ils sont faits pour être bus…», rigole M. Pilon. Mais ce n’est pas que ça. Si on voulait généraliser, on pourrait dire que la production de whiskey irlandais suit des règles relativement larges, un brin moins précises que celles d’autres provenances, ce qui signifie que ses goûts et ses types sont très variés.
Cet article fait partie d’un dossier sur le whiskey sur C&C.
DOSSIER: Le whiskey, c’est un spiritueux pour les grands
BOURBON: Whiskey américain: le bourbon, doux nectar des dieux
SCOTCH: L’histoire d’amour entre le scotch et ses amateurs
WHISKEY IRLANDAIS: À la découverte du whiskey irlandais
WHISKY CANADIEN: Le whisky canadien, un produit de qualité trop peu célébré
WHISKY JAPONAIS: (À venir)
Quelques suggestions de whiskey irlandais
M. Pilon a été assez généreux pour nous offrir une description de ses whiskeys irlandais préférés. Voici donc sa sélection. Notez que les trois sont disponibles à la SAQ:
– KILBEGGAN, 40 %
«Un assemblage crémeux, doux et très bien élevé (sic). Kilbeggan est un whiskey irlandais de tous les jours, qui se boit sans prétention. Il possède des notes fraîches de miel, d’agrumes, de grain et de malt. Soit dit en passant, c’est le whiskey préféré de mon père.»
– POWERS GOLD LABEL, 43,2 %
«Un second blended Irish Whiskey, celui-ci contenant une bonne proportion de pot still whiskey. La somme offrant un malt mielleux irrésistible et selon moi l’un des meilleurs whiskeys à utiliser dans le fameux Irish Coffee.»
– REDBREAST SINGLE POT STILL, 40 %
«Un Single Pot Still ayant séjourné principalement en fûts ayant contenu du xérès oloroso. On y reconnaît le malt blond, mais avec une belle dose d’épices boisées, de fruits rouges et de tabac. Complexe et puissant.»
L’auteur irlandais Colum McCann considère que le whiskey, c’est un peu le colophane du monde. Le colophane, c’est cette résine qu’on applique sur l’archet qui permet aux cordes du violon de résonner. C’est ce qui fait chanter les gens. Mais ce n’est pas que ça: en fait, sans colophane, le violon «chante» mal. Même l’un des plus beaux instruments de tous les temps ne fait pas son travail sans un peu d’aide de ses amis…