En Jamaïque, comme partout dans les Caraïbes, il fait chaud. Ça fait du bien de sortir de ses fringues collantes et de se rafraîchir à l’hôtel avant le souper.
J’attends mon hôte de la soirée, Oliver. C’est un employé de l’hôtel où je reste. Je lui ai demandé s’il connaissait un bon restaurant où manger du jerk.
Le jerk, c’est un incontournable, c’est une de ces choses que tout voyageur doit essayer et manger en Jamaïque. Il s’agit d’une marinade qu’on met sur le poulet, le porc, le poisson, ou sur toute grillade. C’est une combinaison de plusieurs choses, mais surtout d’ail, d’oignon, et d’une sérieuse quantité de scotch bonnets, ces petits piments forts au goût absolument nucléaire. Moi qui adore la bouffe épicée et la viande grillée, je trépigne déjà d’anticipation.
Oliver me montre Scotchie’s. C’est un petit restaurant en bordure de route. On commande au comptoir, on attend sa bouffe, puis on prend son cabaret et on s’en va s’assoir à une table. Rien de très prétentieux.
On commence la soirée par l’apéro, comme il se doit.
À LIRE AUSSI : VOYAGER EN JAMAÏQUE, CELLE QU’ON IMAGINE
Manger en Jamaïque… et boire aussi
La Jamaïque a aussi deux choses qui font d’elle une destination de choix pour tout voyageur éclairé : de l’excellent rhum et de l’excellente bière. Le rhum Appleton et la lager Red Stripe n’ont pas besoin de présentation. Le Appleton brun est corsé et caramélisé à souhait. La Red Stripe est plutôt légère mais a un goût de malt très prédominant. Cependant, selon mon accompagnateur, les locaux boivent du rhum blanc à plus de 55% d’alcool. « Il faut absolument le mixer », dit-il, d’un air qui évoque une mauvaise expérience probablement récente.
Lorsque je propose un toast à Oliver, celui-ci me verse un bon verre de rhum. Sans trop comprendre, je toast, puis je fais cul-sec. Oliver me regarde d’un air surpris, puis s’esclaffe. Fallait-il le siroter?
C’est en buvant une autre bière que je demande à mon hôte si les fameuses galettes jamaïcaines ne sont qu’une autre invention des Américains, comme le Tex-Mex, ou s’ils en mangent régulièrement. « C’est le casse-croûte national! On a deux chaînes de restauration rapide qui ne font que ça : Juici Patties et Tastee Patties. Tu dois en essayer une !»
Ce n’est qu’après quelques verres – de chaque breuvage local – qu’on prend l’initiative de commander notre souper.
Ici, le porc est cuit comme nulle part ailleurs. Il est désossé, puis couvert d’une généreuse portion de jerk. Ensuite, il est cuit à feu très doux au-dessus des braises. Il n’est pas couché sur une grille, mais bien directement sur des rondins, ce qui confère à la viande une saveur encore plus boisée. La chair est ensuite couverte de tôles de métal pour empêcher qu’elle ne s’assèche. C’est franchement ce qu’il faut manger en Jamaïque!
Le résultat est absolument enivrant. Quiconque aime la bouffe épicée ne pourra jamais résister devant ces gros morceaux de porc juteux et brûlants de chilis! En fait, notre repas devient rapidement un enchaînement infini de bouchées de porc juteux et gras et de grandes gorgées de Red Stripe glacée. Après la première commande, il nous en faut encore. Et il faut goûter au poulet!
Couvert de la même sauce, celui-ci est un peu plus sec, mais la saveur de fumée est encore plus omniprésente.
Ce n’est qu’après une heure, en sueur et un peu étourdis qu’on quitte cet établissement des joies de la viande porcine. Mes papilles gustatives sont aussi ébouriffées que l’était Pete dans Chambres en ville!
Pendant ce temps, à l’aéroport…
La pauvreté en Jamaïque est un sujet relativement tabou. Cependant plusieurs bidonvilles se trouvent un peu partout autour des villes principales. C’est le cas de Montego Bay.
C’est pour cette raison qu’il est tout-à-fait agréable d’observer l’ironique dans l’aéroport de la quatrième ville en importance de la Jamaïque.
L’immense centre d’achats qu’est l’aire d’attente de la gare a tout ce qu’il faut pour plaire au touriste : en plus des omniprésentes boutiques de parfums et de tabac, on y trouve des t-shirts et des disques de reggae, du rhum à petit prix, de l’artisanat local représentant des bouteilles de Red Stripe, des chapeaux de rastafari… mais surtout, il ne faut pas manquer la merveille qu’est le Jamaican Bobseld Cafe.
Au beau milieu de l’aéroport, sous le toît de tôle blanche, se trouve un pub qui a un thème kitsch à souhait. Dans cet endroit apparenté à un tiki bar tout droit venu du monde des stéréotypes, le film Cool Runnings joue en boucle. Si le jerk est ce qu’il faut manger en Jamaïque, le resto Cool Runnings offre exactement le contraire.
Oui, nul autre que le film Les apprentis champions, cette merveille cinématographique où John Candy devient l’entraîneur de l’équipe olympique jamaïcaine de bobsleigh. S’en suit une débandade de comédie slapstick, de banalités jamaïcaines, de références douteuses et, bien sûr, la finale tirée de l’histoire vraie : suite à une chute, les bobeurs franchissent la ligne d’arrivée à pied.
Rien de tel, avant un vol de quelques heures, que de manger des frites froides, regarder un film condescendant pour les locaux et porter un t-shirt de Bob Marley fraîchement acheté!
À LIRE AUSSI : VOYAGES-ÉCLAIR: DEUX SEMAINES DE VACANCES, MES TRUCS POUR S’EN SORTIR