Je sais que vous savez de quoi je parle: lorsqu’on regarde un show de télé et que l’hôte se retrouve dans un restaurant si dispendieux et si impressionnant qu’il en est bouche-bée? C’est un peu comment on se sent lorsqu’on passe la soirée au restaurant de Jérôme Ferrer, Europea.
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L’artifice, le luxe, la classe et le service sont au rendez-vous dès le moment où on met les pieds dans le restaurant.
Les membres du service ne perdent d’ailleurs pas de temps: « Bonjour et bienvenue, puis-je prendre votre manteau, prendrez-vous de l’eau gazéifiée, en bouteille ou plate, voici la carte des cocktails, voudriez-vous commencer avec un de nos cocktails? » Puisque les serveurs doivent suivre la cadence des convives et que je mange plutôt vite, le service s’est déroulé à un rythme effréné.
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Le décor, quoique luxueux, est peut-être un peu daté et nous ramène directement en 2006. Cependant les gens qui viennent à Europea ne le font pas pour les décorations, mais bien pour le repas. Celui-ci débute d’ailleurs sur les chapeaux de roues.
Quelques bouchées nous sont présentées. Entre autres, un beef jerky maison, hyper moelleux, est servi « sur la corde à linge ». Bien meilleur que Jack Link…
D’ailleurs, on nous présente le désormais obligatoire « espresso » de bisque de homard, aujourd’hui présent dans la majorité des restaurants de la ville. Celui d’Europea est fort en crème, mais tout à fait délicieux!
De minces tranches de calmar citronné sont couvertes d’un œuf de caille poché et de ce qui semblent être des œufs de poisson, rouges et noirs. Il s’agit probablement d’un des plats les plus réussis, d’ailleurs: les textures sont surprenantes et vivifiantes.
Aussi, un dumpling de crevette est assis sur une purée de crevettes, servi avec un bouillon et quelques sashimis de thon albacore. Il s’agit ni plus ni moins d’un amalgame de plats classiques de différentes régions de l’Asie présentés à la Française.
Alors là, parlons du « grimoire ». Cliché et dépassé selon certains, impressionnant et amusant selon d’autres: la serveuse nous propose un immense livre et nous suggère de l’ouvrir. Le livre est en fait une boîte vide, une épaisse fumée en sort et une mini-bouchée de bar sur un craquelin s’y cache. Gadget? Peu importe: lorsqu’on va au restaurant, c’est pour être diverti, non? Il faut être extra-cynique pour ne pas trouver l’idée rigolote…
Ensuite, deux petites rondelles de torchon de foie gras à côté de quelques grains de sel sont servies avec deux mini-rouleaux frits de langoustine. J’ai bien aimé, mais je me demande pour quelle raison le sel était-il à côté. Le chef voulait-il faire plaisir à ceux qui ont une diète faible en sodium? Pour se nettoyer le palais suite à ce plat très gras, le foie vient avec un shot de smoothie carotte-gingembre-pomme, avalé à l’aide d’une paille.
Puis, les plats principaux: les pétoncles sont saisis sur un galet de rivière brûlant à la table par la serveuse. Puis, la sauce est versée sur le galet, créant un nuage de vapeur odorante autour de la table. Des bok-choys braisés sont artistiquement placés sur l’assiette et les pétoncles sont répartis autour, à équidistance des autres items. La qualité des pétoncles ne ment pas, et le petit spectacle « table-side » est toujours divertissant.
Le « bar au foin » est en effet cuit dans une cocotte remplie de foin, la serveuse nous l’a d’ailleurs amenée pour nous le montrer. Le plat est délicat et le poisson est bien traité. Ce qui semble être la même bisque servie en début de repas sert de sauce.
Pour terminer, une quantité impressionnante de desserts est servie: un arbre où des boules de barbe à papa sont accrochées, quelques petits gâteaux… aussi, un bol, au fond duquel sont installés une costarde et un sorbet de framboise, est couvert d’une croûte de sucre dur qui ferme le bol tel un couvercle. Il faut, à l’aide de la cuiller, fendre le sucre croquant, qui ajoute une texture au plat crémeux. J’étais évidemment en hâte d’y goûter et j’ai réussi à me couper le palais sur le sucre tranchant. C’est ma faute, je suis toujours si impatient!
Finalement, des sucettes sucrées sont couvertes de « pop rocks », ces bonbons qui pétillent lorsqu’ils entrent en contact avec la salive dans la bouche. Ces sucettes rappellent évidemment l’enfance, lorsqu’on se forçait à faire entrer quatre paquets de ces bonbons dans notre bouche pour voir si notre tête allait exploser. Cette fois, c’est l’estomac qui risque d’exploser: quel repas copieux!