Commençons cette chronique avec une simple note: le Jack Daniel’s n’est pas un bourbon. C’est un Tennessee Whiskey. Quelle est la différence? Le nom, sûrement. Aussi, j’aime le bourbon, et pas le Jack Daniel’s. C’est une autre différence remarquable.
Deuxième note, plus technique: le whiskey qui est fait dans l’État du Kentucky est du bourbon. L’inverse, cependant, n’est pas nécessairement vrai: le bourbon peut être produit à l’extérieur de cet État.
Ensuite, il faut souligner que le bourbon – un peu comme la boucherie artisanale, les perfectos ou Nirvana – a été remis à la mode par les hipsters. Et c’est une bonne chose, dans les quatre cas. Merci, chers hipsters. (C’est la première et la dernière fois que j’écris ces mots.)
Effectivement, pendant plusieurs années, le bourbon a été relégué aux oubliettes. C’était réservé aux grand-papas, aux has-been et aux alcolos.
Aujourd’hui, les brasseurs de bière et les distillateurs de Scotch s’arrachent les barils utilisés pour faire du bourbon, les grandes compagnies d’alcool de la planète ont tous un bourbon dans leur portfolio, et l’univers du cocktail, qui est en pleine apogée, multiplie des cocktails qui utilisent ce whiskey américain si prisé.
En fait, la bouteille la plus recherché au monde, en ce moment, en est probablement une de bourbon : le Pappy Van Winkle Family Reserve est très rare puisqu’il y a beaucoup de demande et très peu de production.
Mais la seule et unique raison de boire du bourbon, c’est son goût.
Cet article fait partie d’un dossier sur le whiskey sur C&C.
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L’ingrédient principal du bourbon, c’est le maïs. C’est unique, et c’est précisément ce qui change tout. Ça donne un résultat plus sucré, contrairement aux préparations à base d’orge malté, c’est-à-dire les scotchs et les whiskeys japonais et irlandais.
Puis, les barils de chêne carbonisé ne peuvent être utilisés qu’une seule fois. C’est comme ça. C’est la loi.
Cette méthode ajoute deux caractéristiques uniques au bourbon: un goût boisé frais et prononcé ainsi qu’une saveur plutôt fumée.
Le Wild Turkey est plutôt sucré, et sa version à 50,5% d’alcool est surprenamment onctueuse.
Le Basil Haydens est très boisé – on goûte vraiment le chêne – et super léger.
Le Bulleit est plutôt balancé: sucré, mais épicé grâce à une plus forte présence de seigle dans la recette.
Knob Creek présente des arômes de noix et de cassonade.
Et Maker’s Mark va plutôt vers les petits fruits.
Finalement, le Buffalo Trace est un des plus équilibrés, et se boit sans artifices.
La passerelle vers le bourbon, pour plusieurs – et pour moi-même, je dois l’avouer – c’est le Old Fashioned, probablement le cocktail le plus populaire présentement. C’est si simple à faire: une petite cuillerée de sirop simple, quelques traits d’amers, et deux onces de bourbon. Un peu de glace, et voilà.
Puis, on s’amuse avec les quantités de sucre et d’amers. Et on réduit la glace, parce que ça dilue rapidement. Et finalement, petit à petit, on se retrouve avec seulement du bourbon dans notre verre.
En fait, c’est peut-être comme ça qu’on devient un gentleman, peu importe la signification de ce terme si galvaudé.
Pour moi, être gentleman, c’est un peu ça : trouver la sagesse de découvrir par soi-même au fil des essais et des erreurs. Sortir de sa zone de confort pour en trouver des nouvelles. Prendre la responsabilité quand elle nous revient. Parce que lorsqu’on était immature, on a découvert nos limites personnelles. On n’a plus besoin de les atteindre. La bravoure, les défis et la pression des pairs ne nous affecte plus. On ne tire pas de satisfaction d’actes insensés. Au contraire, la force de notre caractère se trouve dans la sagesse de la connaissance. Et cette même sagesse nous enseigne de faire le bien autour de nous. De ne pas forcer les choses. Et d’apprécier les petites victoires, comme par exemple la découverte d’un nouveau goût si complexe que celui d’un bon bourbon, comme on apprécie les plus grandes.
Je crois en fait que je n’aime pas le terme gentleman. Peut-être s’agit-il seulement de force de caractère.